Le 29 décembre 2009, le Préfet des Pyrénées-Orientales a accepté que Llupia et Ponteilla rejoignent la Communauté d’Agglomération Perpignan-Méditerranée à partir du 1er janvier 2010. Notre Communauté de Communes n’a donc eu que deux jours pour se retourner!

 Il était hors de question de couper l’eau à ceux qui nous abandonnaient, ni d’arrêter le ramassage des ordures ménagères, ni de laisser les parents et les enfants de ces deux villages subir les conséquences fâcheuses de décisions prises sans aucune consultation de la population. Pour nous, Communauté de Communes des Aspres, la solidarité n’est pas un vain mot. Pendant des mois et plus longtemps encore s’il le faut, nous continuerons à assurer les services que nous assurions jusqu’ici à Llupia et Ponteilla. Il n’est pas question que la population supporte les répercussions des choix politiques et personnels de ses représentants. 

 Des conventions sont en cours de signature avec l’Agglo pour formaliser les services que nous continuerons à rendre à ces communes mais il faut bien comprendre que même si elles nous quittent pour cette Agglo si désirable, c’est bien nous qui assumerons leurs services vitaux du quotidien (eau, assainissement, ramassage des ordures ménagères, crèche, etc.). Dans ces conditions, on se demande bien pourquoi partir à l’Agglo et abandonner une communauté à laquelle elles appartenaient pleinement et qui, envers et contre toute querelle partisane ou personnelle, apportait les mêmes attentions à chacun de ses membres. 

 En réalité, Jean-Paul Alduy, président de la Communauté d’Agglomération, vient de lancer un cheval de Troie dans notre communauté et espère hâter ainsi son démantèlement. C’est sans compter sur la ténacité des communes des Aspres qui, envers et contre tout, souhaitent poursuivre l’aventure politique initiée par des hommes de la trempe de l’avocat Louis Noguères (déchu de ses mandats de maire de Thuir et de conseiller général parce qu’il  faisait partie des quatre-vingts députés qui, aux côtés de Léon Blum, refusèrent de voter les pleins pouvoirs au maréchal Pétain en juillet 1940, poursuivi par la Gestapo pour avoir organisé la presse résistante régionale), ou bien encore de Léon-Jean Grégory, son confrère et adjoint à Thuir avant de devenir maire à son tour (lui aussi révoqué en tant qu’adjoint complice et suspect en 1940), tous deux initiateurs de formidables syndicats qui, préfigurant et annonçant notre communauté de communes, ont permis l’aménagement de notre territoire, tant en matière d’eau potable et d’assainissement qu’en matière purement sociale (avec notamment la fondamentale et précieuse création du premier Syndicat Intercommunal Scolaire et des Transports de France qui permettait, à moindre coût, d’offrir à tous le service des cantines et des transports scolaires à une époque où l’enseignement secondaire n’était communément réservée qu’aux plus aisés).   

 Pourrions-nous, sans honte, nous asseoir sur le courage et la volonté de ces grands résistants, sur la chance et la force qu’ils ont offertes aux habitants de notre dure terre de l’Aspre ? Pourrions-nous, comme les bons petits soldats de Llupia et Ponteilla, qui nous disent de ne pas tomber dans le piège du sentimentalisme et de l’affectif, mettre fin à tous les principes de solidarité qui ont régi jusqu’ici les rapports entre les basses et les hautes Aspres ? « Mais l’économie, avez-vous pensé à l’économie ?”… Les détracteurs de notre communauté de communes n’ont que ces mots à la bouche et oublient trop facilement  l’Humain, le bien commun, le savoir-vivre, l’entraide, le partage. Ne parlons même pas de l’avis des populations qui n’ont bien sûr pas été consultées par leurs élus. Du haut de leur superbe, les maires de Ponteilla et Llupia n’ont que faire des protestations. Dans le fond, totalement décomplexés, ils ne font que reproduire les usages en cours au sommet de l’Etat. Dans quelques années, quand l’Agglo, d’ores et déjà endettée, leur aura mangé le peu de laine qui leur reste sur le dos et qu’elle les aura privés de leur indépendance et d’une certaine liberté de penser, nous rediscuterons de leurs beaux arguments économiques. Quand, jadis gros parmi les petits, ils seront devenus petits parmi les gros, nous verrons s’ils garderont cette belle suffisance, nos amis de la plaine! Quant à nous, Communauté de Communes des Aspres, resserrons les rangs et plus que jamais, jouons la carte de la solidarité et de la ruralité. Ensemble! TOUS ensemble sans oublier personne sur le bord du chemin.

Maya Lesné