Bonjour M. Billès,
Pour rappel, l’école de Tordères dépend d’un RPI, ce qui fait que la position de notre municipalité ne correspond qu’à une voix sur celles des quatre conseils qui sont en charge du RPI.
Nous avons d’ores et déjà fait connaître aux élus des trois autres communes la position majoritaire qui se dessine dans le conseil municipal actuellement en place à Tordères (celui de 2014-2020 donc, dont la majorité est opposée à la réouverture de l’école) mais nous leur avons aussi expliqué que nous nous plierions à la volonté générale et au consensus trouvé avec eux, les délégués de parents d’élèves, les services de l’Education Nationale et les services préfectoraux.
Nous aurons une sorte de conseil d’école extraordinaire en visio jeudi matin et je pourrai donc vous en dire plus sur la position globale des élus dès jeudi après-midi. Par ailleurs, nous avons envoyé un questionnaire aux parents d’élèves afin de savoir qui souhaite ou pas faire réintégrer l’école à son enfant, et à quelles conditions. Nous vous en transmettrons le résultat définitif dès que nous le connaîtrons.
Je vous livre tout de même la position du conseil municipal de Tordères dont la majorité des conseillers, comme moi-même, est opposée à la reprise de l’école, pour plusieurs raisons très claires :
- Cette réouverture nous paraît prématurée et hasardeuse compte tenu des incertitudes scientifiques qui planent quant à la façon dont se propage l’épidémie et quant au rôle des enfants dans cette propagation (la découverte du syndrome inflammatoire touchant particulièrement les enfants vient renforcer ce sentiment),
- Nous manquons d’informations sur les obligations qu’entraînent pour les maires les recommandations sanitaires du Conseil Scientifique et du Haut Comité de Santé Publique, particulièrement en ce qui concerne la désinfection des locaux pour lesquels la notion de « bionettoyage » ne paraît pas facile à mettre en œuvre (par ailleurs, qui assumera le surcoût du matériel et des heures dédiés à ce nettoyage supplémentaire?)
- A ce jour, nous n’avons pas de masques pour équiper l’enseignante, les dames de service et le chauffeur de bus : seront-ils au rendez-vous dans les temps ?
- La salle de classe de l’école de Tordères étant de taille modeste, nous n’aurons pas la possibilité d’accueillir beaucoup d’élèves (moins de 10 tout au mieux), comment trierons-nous sur le volet les volontaires souhaitant réintégrer l’école? Sur la base de quels critères?
- Beaucoup d’écoliers prennent le bus pour venir à l’école, comment ferons-nous pour que les gestes barrières y soient respectés, notamment la règle de distanciation ? En cas de manque de places dans le bus, devra-t-on se tourner vers les parents pour qu’ils assument eux-mêmes le transport des enfants ?
- Notre service de cantine étant assuré par le restaurant de l’ESAT local, actuellement fermé (et qui le restera sans doute encore un certain temps), nous ne serons pas en mesure d’assurer ce service, à moins de faire déjeuner les enfants sur leur table de travail, ce qui ne paraît pas très heureux… A moins de ne faire classe que le matin ?
- Il est indispensable de clarifier la question de la prise en charge financière par l’Etat des surcoûts liés au déconfinement et à la fourniture du matériel nécessaire, ainsi bien évidemment que la responsabilité pénale des collectivités en tant qu’employeurs et en tant que structures accueillantes.
Jusqu’ici, même si ça n’a pas toujours été simple pour des raisons essentiellement techniques (la fracture numérique existe bel et bien et la connexion internet pour notre commune est parfois très mauvaise), et aussi parce que les parents ne sauraient bien sûr pas se substituer à un enseignant, les écoliers se sont tout de même plutôt bien accommodé des consignes envoyées par leur professeur. Aussi nous nous interrogeons sur la pertinence de cette rentrée scolaire. Cela vaut-il vraiment la peine, pour moins de deux mois de cours, de mettre en route une « usine à gaz » en termes de moyens à mettre en œuvre et du peu de moyens financiers que nous avons pour le faire ?
Enfin, la question du « volontariat » des parents, nous apparaît comme une vaste plaisanterie si, comme il est dit, les règles d’attribution du chômage partiel pour les parents d’élèves venaient à être changées et que, au 1er juin, les parents qui n’enverraient pas leurs enfants à l’école alors que celle-ci pourrait les accueillir ne pourraient plus bénéficier du dispositif de chômage partiel, tandis qu’à défaut, les parents dont les enfants ne pourraient pas retourner à l’école, devraient fournir à leur employeur une attestation de l’école précisant que l’établissement ne peut pas accueillir l’enfant. C’est donc cela qu’on appelle « volontariat » ?
Compte tenu de l’évolution rapide de la situation, nous vous tiendrons au courant de notre position définitive en fonction de l’avis des autres élus du RPI, de la volonté des parents, de nos capacités à déployer les moyens humains et matériels nécessaires, etc. Comme vous, nous « naviguons à vue ».
Cordialement,
Maya Lesné, maire de Tordères
Pas de commentaires »
Laisser un commentaire
Vous devez être connecté pour rédiger un commentaire.